De retour de Paris, nous avons fait le plein d’idées et d’infos en visitant ce salon dédié à notre secteur.
Différents parcours ont été imaginés par les concepteurs du salon :
– Parcours Artisanat, reprenant des safoir-faire venus du monde entier
– Parcours sourcing durable, exposants spécialisés en matières écologiques, procédés écologiques et/ou normes sociales.
– Parcours petites quantités, avec la possibilité de commander des tissus entre 50 et 100 mètres, intéressant pour des marques qui démarrent.

La partie AVANTEX, haute technologie + industrie de la mode, nous a permis de faire de belles découvertes.

Notamment la rencontre avec le collectif Zero Waste Design, représentée par Mylène L’Orguilloux.
Elle est spécialisée dans la conception virtuelle avec le logiciel Clo3d dont tout le monde parle en ce moment.
https://www.milanavjc.com

Nous y avons suivi la conférence intitulée « Co-design et autres composantes clés d’une collection de mode qui marche à l’ère des réseaux sociaux« .

Parmi les intervenants, Cécile Thieulin a présenté son concept de robes à rayures, permettant de redessiner votre silhouette. Cécile est architecte de formation, parisienne et basée à Boston. Elle utilise aussi la conception 3D pour créer ses modèles. Une technologie qui fonctionne si on l’utilise à bon escient. Pour la marque Simone Simon, le consommateur n’a pas envie d’être complètement créateur. C’est fatiguant. Il faut éviter une phase de choix pas trop longue, éviter les hésitations du consommateur. Donner une page blanche au consommateur n’est pas le modèle qu’il faut targeter. Sinon, le taux d’abandon est énorme.
http://simonesimon.fr/

Leopolda Contaux-Bellina a créé le label Comtesse Jojo. Une marque de sac spécialisée dans l’artisanat numérique et l’assemblage sans couture. La découpe laser permet aujourd’hui de réaliser des produits uniques. Auparavant, il était indispensable de fabriquer un emporte-pièce pour la découpe du cuir. La technologie a donc permis une autre approche créative. Pour Comtesse Jojo, la communication sur l’éthique, l’upcycling est importante mais ça vient dans un deuxième temps. Le produit reste prioritaire.
https://www.comtessejojo.com/

Quentin Yan, quant à lui, n’a a priori aucun lien avec la mode. Smartpixels permet de digitaliser un produit existant et de la customiser sur écran. Ils sont surtout expert en mapping permettant la projection du résultat sur le produit. Leur page FB vous montrera de quoi ils sont capables !
https://www.smartpixels.fr/

Et Simone Simon de conclure : La marque reste une histoire. Les communautés sont de plus en plus sensibles. Le design et la qualité restent prioritaires. On ne vend pas de la responsabilité. Ça doit rester fun et pas moralisateur.

La partie SERVICES nous a également étonné par son offre.

De nombreuses plateformes voient le jour afin d’apporter une réponse aux attentes du marché.
La mise en relation serait le mot d’ordre !

Ainsi, Textileaddict réunit une communauté de presque 6.000 professionnels du textile. Vous recherchez un.e modéliste, un.e styliste, un.e pro des fiches techniques… vous êtes au bon endroit. D’ailleurs, vous pouvez aussi proposez vos services. Une mine d’informations pour les passionnés que vous êtes.
https://textileaddict.me/

La question du choix d’un façonnier/fabricant nous est souvent posée.
Et, aujourd’hui, des solutions en ligne existent, avec des critères de sélection plus ou moins développés.

Nous avons rencontré Mouvtex. Cette plateforme s’adresse aux créateurs, marques, boutiques de l’industrie du Prêt-à-Porter : vêtements, accessoires, mais aussi textiles de maison et vêtements professionnels. Si vous recherchez une production textile, vous trouverez une sélection de fournisseurs en Europe, mais aussi en Asie, dans les pays du Maghreb, en Egypte et en Turquie.
https://mouvtex.com/

Une démo de Foursource nous a également impressionné. Leur moteur de recherche permet en effet de sélectionner les fabricants sur base de quantités minimum. Un critère souvent important pour les jeunes marques qui se lancent. Leur mission est ambitieuse : remédier au manque de transparence des marchés d’approvisionnement très fragmentés et de rendre l’approvisionnement en vêtements moins coûteux et moins risqué. Testez votre compte gratuitement !
https://www.foursource.com/

Dans cette aile du salon, c’est la conférence « Safoir-faire et patrimoines textiles du monde » qui a retenu notre attention.

Ali Rakib, de ForWearvers, se présente comme un passeur des tissus des mondes. Entreprise Sociale et Solidaire, nous sourçons et éditons des matières textiles rares et de haute qualité, d’origines végétale et animale, issues de savoir-faire traditionnels dans le respect de l’environnement. ForWeavers a pour objectif de préserver les patrimoines immatériels de l’humanité en permettant à nos tisserands de vivre décemment de leur métier et d’améliorer les conditions de vie de leur village.
Dans le patrimoine matériel, on voit la dégradation. A contrario, dans l’immatériel, on ne le voit pas. Et le risque est de s’en rendre compte quand il a disparu. C’est pour cette raison qu’Ali Rakib a créé ForWeavers.
A l’origine, il a met en place une organisation humanitaire pour amener des containers de vêtements récupérés dans les pays en nécessité. Hors, ils constatent qu’en voulant aider les populations locales, ils détruisaient dans le même temps le commerce local. Il fallait trouver un nouveau modèle économique. Et Ali s’est tourné vers les textiles produits selon un savoir-faire ancestral.
Parfois, la technique semble toute simple mais il ne faut pas sous-estimer les gestes qui ont été perfectionné sur des milliers d’années d’expériences.
Son approche n’était pas commerciale à ses débuts. Pourtant, il confirme que vendre est la meilleure façon de sauvegarder ce patrimoine immatériel. Cela permet aussi d’éviter la fossilisation des traditions.
Et de revenir sur le terme « tradition » qui signifie mouvement vers l’avant. Donc, c’était important de la faire évoluer.
D’appliquer une vision moderne et actuelle à ces techniques anciennes.
Ainsi, la modiste belge Fabienne Delvigne a eu l’occasion de créer des chapeaux en ramie coréenne.
Sa plus grande fierté est de montrer aux populations locales les produits confectionnés avec leurs textiles. Cela a permis d’apporter une vraie solution à ses détenteurs de savoir-faire.
http://www.forweavers.com

Pierre Letz, président de la Fédération française de la Création Couture sur Mesure, a souligné l’importance d’utiliser l’artisanat dans un contexte actuel et d’éviter la muséification. Cette Fédération a conçu une expo de vêtements européens au départ de tissus indiens.

Saviez-vous que même en Inde, les enfants ne portent plus le vêtement traditionnel. Le risque est donc de perdre le tissage artisanal qui ne sera plus en vigueur sur le marché national.

En Inde, le vêtement est roulé. Donc, ils n’ont pas de connaissances en patronage. La belle couture fait défaut.
Quand on utilise la soie indienne, c’est important d’avoir un travail sur le modélisme pour sauver ce textile.
C’est une piste pour sauver les techniques, donc uniquement si on continue à utiliser les textiles, en faisant des choses modernes, actuelles que les gens ont envie de porter.
Les créations ont été présentées lors de l’expo « Cousu d’Or » au Sofitel Faubourg de Paris ainsi qu’à la Fashion Week de New Delhi. Des échanges enrichissants à plus d’un titre !